The Witness est l'une des meilleures expériences de jeu que j'ai eu depuis un bon moment. Il s'agissait d'un titre plus addictif que le café, le sucre et les cigarettes et je l'ai aimé plus que de raison. Tant et si bien qu'une partie de mon cerveau a probablement succombé au challenge offert par les puzzles de Jonathan Blue. The Witness manquait cependant d'une histoire émouvante et moderne que l'on aurait pu suivre. C'est pourquoi le catalogue du Xbox Game Pass a invité Raw Fury et son Call of the Sea à nous offrir ce qu'il a prévu pour nous. Il ne propose pas autant de puzzles que The Witness, mais il affiche par contre une excellente histoire, ce qui, à choisir, est selon moi une meilleure chose.
Norah est malade. Vraiment malade. Elle passe des dizaines de jours au lit et d'étranges tâches sont visibles sur ses bras. Nous pouvons donc dire sans nous tromper que ses jours sont comptés. Peut-être existe-t-il cependant un remède à sa maladie, et c'est pourquoi son mari Harry est parti explorer le monde à la recherche d'un remède.
Des semaines, des mois sont passés. Les lettres de son mari ont fini par brusquement prendre fin avant qu'un paquet n'arrive. Son contenu a permis à Norah, malgré sa maladie, de partir à sa recherche sur une île proche de Tahiti, et c'est là que tout commence. Trouver Harry et trouver le remède. Voila nos deux objectifs.
C'est sur cette ile paradisiaque que Norah se lance à la poursuite de son mari et de ses compagnons. Le but est donc de percer les mystères de l'île et de ses nombreux puzzles. Au départ, tout est relativement simple. On assemble les différents morceaux d'une photo, on trouve des codes dans la nature, on les retranscrit, le tout pendant que Norah nous explique sa relation avec son mari par des monologues intérieurs. Nous apprenons donc à quel point il lui manque et que tout était absolument merveilleux avec lui. J'ai beaucoup apprécié cette histoire d'amour un peu niaise, partageant les douleurs du personnage principal. L'histoire en elle même n'est pas très profonde, mais elle fonctionne bien, notamment grâce au doublage de Cissy Jones, que vous avez peut-être déjà entendue dans Firewatch.
En termes de gameplay, Call of the Sea est un pur Walking Simulator. Un modèle du genre. Certes, Norah est d'une lenteur agaçante, mais cela rajoute à l'ambiance du jeu. Tout est très coloré et détaillé, et s'agissant là de mon premier jeu Xbox Series X, j'ai été très satisfait des graphismes proposés par Out of the Blue et Raw Fury. M'y replonger après un long weekend passé sur Cyberpunk 2077 était un pur bonheur. Un océan de calme et de douceur que les développeurs nous offrent là.
En ce qui concerne les puzzles, j'avais hâte de les résoudre afin d'en apprendre davantage sur l'histoire. J'ai globalement été très content de ce qui est ici proposé et passai avec plaisir d'une section de recherche d'indices à une autre. Le niveau de difficulté augmente progressivement et j'ai donc parfois arrêté ma session un peu frustré, notamment lorsque j'ai du combiner des symboles inconnus pour créer de nouveaux mots. Il a alors fallu s'y replonger le lendemain matin, à tête reposée. Le titre m'a ainsi rappelé les jeux des années 90/2000 dans lesquels le petit garçon que j'étais s'était retrouvé bloqué pendant des semaines, qu'il s'agisse de Prince of Persia ou de Final Fantasy X. Ceci dit, difficile de nier que les défis principaux proposés par Call of the Sea sont conçus d'une façon qui vous forcera à faire des aller-retours entre les différents endroits et que c'est un peu redondant sur les bords. Les puzzles du titre restent tout de même globalement divertissants, réussis et parfois même très difficiles.
Après huit heures de jeu dont une bonne partie a été passée sur deux puzzles importants, je suis parvenu à amener Norah jusqu'à la fin du jeu, découvrant ainsi l'émouvante fin du titre. Les écrits de Lovecraft ont servi d'inspiration, mais sans doute pas dans leur aspect sombre et anxiogène. Il s'agit là d'une interprétation plus légère qui fonctionne bien avec les mystères de l'histoire. A certains moments, on sera tout de même un peu agacés de voir la communication se faire via des notes laissées par l'équipe d'expédition ou d'entendre que le ton de la voix ne correspond pas à la situation dans laquelle Norah se trouve.
Cela casse un peu l'immersion, mais c'est loin d'être suffisant pour faire de Call of the Sea un mauvais jeu. Bien au contraire. La curiosité et l'envie d'avancer étaient bien présentes, à tel point que je me précipitais presque chez moi pour pouvoir y jouer, découvrir le fin mot de l'histoire et, enfin, écrire ce test.